Période romaine et gallo-romaine
Les sites romains et gallo-romains situés sur le territoire de Montbazin, grâce à des découvertes fortuites et à de précieuses fouilles (Jean-Marie Thomas, Daniel Rouquette, Lucien Albagnac, Dominique Haïm, Vincent Serneels, Marc Lugand, entre autres), ont livré un grand nombre d’informations ; Le réseau des villae est très dense et la présence d’une multitude de pièces de monnaie indique que le commerce et le négoce étaient très développés.
Les sites romains et gallo-romains sur le terroir de Forum Domitii
Montbazin et son terroir dans l’Antiquité
par Dominique Haïm
Études sur l’Hérault N.S. 4 – 1988
Les Avenasses
Une « villa rustica » s’y étendait sur près de 4 hectares. La villa était une cellule d’exploitation divisée en deux : la « pars urbana » où l’on vit, la « pars rustica » comprenant les ateliers, tissages, pressoirs, l’élevage.
Chaque villa permettait de vivre en autarcie. Cet habitat aurait débuté dès le premier siècle avant J.-C. et aurait été en activité jusqu’au quatrième siècle.
Les fouilles de la « Villa des Avenasses » ont fourni en 1962 d’importants vestiges : deux bassins, fourneau souterrain, colonnes en marbre rouge, débris de revêtement mural en stuc peint, meules à grain, débris de jarres, tuiles, de nombreuses monnaies…
Une tombe, dite « du pécheur », contenant de nombreux objets (coupe, lacrymatoire, fibule, peson de filet, une épingle…) et coquillages, fut également découverte en 1962.
Article du Midi Libre du 12 décembre 1962, ci-contre.
Plusieurs nécropoles ont été démantelées lors de labours sur ce tènement dans les années 70 et 80.
Un chapiteau de style dorique, découvert dans un mur de soutènement, a été transporté à la chapelle Saint Pierre où il supporte la pierre d’autel wisigothique (photo ci contre).
« Gallo-romain : Aux Avenasses, vicus* situé à l’ouest de Forum Domitii, le terrain acquis par le C.A.L. a fait l’objet de fouilles de reconnaissances qui ont mis au jour des structures assez arasées et un double bassin en béton au tuileau. » Daniel Rouquette – Bulletin SESS X-XI – 1980
* Hameau ou bourg campagnard
Époque gallo-romaine
par Jean-Marie THOMAS
Article paru dans L’œil n° 45 de juin 1993
Les Tuilières
Les Tuilières (ou Tuillières) comprenaient un atelier de potiers, une petite villa (mosaïque, céramiques…) et plusieurs sépultures. Le sous-sol contient des bancs d’argile qui furent exploités par cet atelier. Des fours de potiers ont été découverts en 1965 (article ci-contre) et 1967, ainsi que des débris de tuiles (tegulae) et d’amphores. Ces amphores dites « gauloises » étaient destinées au transport du vin. On en signale fréquemment sur plusieurs sites lagunaires, installations portuaires antiques : Balaruc, Loupian, Mèze… (le port de la crique de l’Angle à Balaruc est distant de moins de 6 km de Montbazin).
Serneels, V. 1983 : “L’atelier des potiers gallo-romains des Tuillières à Montbazin”, Rapport déposé à la Direction des Antiquités Historiques.
Thomas, Jean-Marie – Rouquette, Daniel. 1985 : « Montbazin (forum Domitii), les Tuilières », Gallia, 43, 2, p. 409.
En occitan Teulièra signifie tuilerie.
Sainte Colombe
Sainte Colombe fut une nécropole gallo-romaine. Le cippe de Caius Vettius (photo ci-contre), exposé à la chapelle Saint Pierre, stèle funéraire du 1er siècle, y fut certainement découvert. En 1987, un fragment de stèle funéraire portant également l’inscription Caius Vettius y fut récolté.
Le site a également révélé des poteries et une sculpture en métal.
« Le tènement de Saint Colombe, déjà connu pour avoir donné une nécropole tardive, vient de fournir de nouveaux témoins de cette époque. A l’est du chemin qui traverse le gisement, entre l’ancienne gare et la croix, un défonçage a bouleversé quatre ou cinq tombes sous tuiles »
Daniel Rouquette – Bulletin SESS, T03 1971
La Reille *
La Reille / Reilha est située à près de 2 km au sud de l’agglomération antique de Forum Domitii et donc de la voie Domitienne qui traverse cette dernière. Il est localisé sur un petit plateau dominant le ruisseau de Reylha, au pied de la colline de Puech Gayès. Une occupation gauloise est attestée sur cette colline. Plus bas, le site de la Reille est entaillé par le passage d’un petit vallon qui permet l’écoulement naturel des eaux vers le ruisseau de Reylha.
C’est sans doute cette première occupation gauloise qui est à l’origine de la structuration du paysage de la Reille dès le Ier siècle avant J.C. : elle révèle en effet une mise en culture du sol à cette époque. On assiste alors manifestement à la naissance de la viticulture sur ce territoire, mais les vestiges restent peu éloquents. Un chemin est déjà mis en place pour desservir les parcelles agricoles.
A partir des années 50 après J.C., le site de la Reille voit la mise en place d’un important domaine viticole. Un premier bâtiment accueille un chai contenant une soixantaine de dolia (dolium au singulier : conteneur destiné à la fermentation pouvant recueillir de 10 à 15 hectolitres de vin chacun ; actuellement exposés au musée “villa gallo-romaine” de Loupian). Ces dolia semi-enterrés sont installés dans un espace rectangulaire de 200 m2, creusé sur près d’un mètre de profondeur, puis remblayé autour des récipients. Une cour se développe à l’est du bâtiment, et un puits y est creusé sans doute à cette époque. Le chemin est toujours en fonction et dessert probablement la cour de l’édifice. Des systèmes d’évacuation canalisent les eaux usagées ou de ruissellement à l’extérieur de l’établissement vers la petite dépression. La vigne est cultivée cette fois sur de grandes superficies : elle a été mise au jour sur près de 1 hectare au nord du site, et autour de 3000 m2 au sud du site. Toutefois la fouille n’a pas permis de mettre en évidence les limites des parcelles agricoles.
A partir des années 70 après J.C. le domaine est agrandi : un nouveau chai d’une capacité de près de 50 dolia est ajouté au nord. On trouve dans cette nouvelle pièce une cuve maçonnée servant à la décantation du jus de raisin.
La particularité du site de la Reille réside également dans la durée de son occupation. En effet, une occupation y est attestée jusqu’au milieu du Ve siècle. Au IIIe siècle après J.C. le chai est profondément remanié par rapport à son état initial. Un nouveau bassin de décantation, plus petit que le précédent, est installé, ainsi qu’une nouvelle zone de pressurage. D’autres aménagements du Ve siècle (grenier, silos) illustrent l’activité céréalière du domaine. L’abandon du domaine est mal situé dans le temps.
* Extrait du compte rendu de fouilles d’archéologie préventive préalables à l’aménagement d’une ZAE par la Communauté de Communes Nord du Bassin de Thau, opération réalisée par le Service Patrimoine et Archéologie de la CCNBT, en 2008 – 2009.
La reille : un établissement viticole antique, document édité par la CCNBT.
Les gallo-romains
A l’époque de la conquête romaine, la Gaule est habitée par une nébuleuse de peuples celtes, sans réelle unité et cohabitant de façon plus ou moins pacifique. L’alliance contre Rome des Arvernes du massif central avec les Allobroges de la vallée du Rhône et les Salyens en Provence ne permit pas de résister à l’invasion des légions romaines. La conquête a été brutale et l’imposition de la “Pax romana” violente.
Dans la durée, toutefois, la romanisation de la gaule transalpine consacre l’intégration progressive des élites locales au système politique et social des romains, une assimilation culturelle entre les deux civilisations. Les Gaulois ayant adopté l’architecture des villes romaines, leur organisation de l’espace, etc. Les Romains ont mis à profit les connaissances et les inventions gauloises pour le développement de l’agriculture et de leur artisanat.
Les Volques Arècomiques constituent un peuple celte qui aurait émigré depuis les régions du Danube jusque dans le sud de la Gaule. Leur territoire était situé sur une partie du Languedoc, de l’ouest du Rhône jusqu’à la Montagne Noire. Ils fondèrent la ville de Némausus (Nîmes), et en firent leur capitale, qui connaît déjà avant la suprématie romaine une primauté sur les territoires alentours. Les Volques côtoyèrent dans la région voyageurs et commerçants, Grecs et Ligures, Latins et Ibères mais leur suprématie dans la région cessa avec l’implantation des wisigoths.
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