Monnaies romaines

Monnaies romaines

monnaie 050
AUGUSTE : As nimois en bronze, Avenasses
période : -8 / -3
dimensions 27/3
n° inventaire 050

Monnaies romaines de Montbazin

Lucien Albagnac
Bulletin de la Société d’Etudes Scientifiques de Sète et sa Région (tome IV) – 1972

Désireux de contribuer à une meilleure connaissance de Montbazin gallo-romain, nous publions ici le résultat de nos recherches en ce qui concerne les monnaies, trouvailles de surface certes, mais dont le résultat nous semble valable, compte-tenu de l’étendue et de la durée de ces recherches et du fait qu’elles ont porté parfois sur des terrains où un charruage récent venait de ramener au jour ces documents.

Situation

Il faut d’abord préciser la situation géographique de ces lieux avant d’apporter d’autres indications.

Le FORUM DOMITII des Romains, à cheval sur la voie domitienne, un des très rares points qu’elle traverse, est recouvert par la partie orientale du village mais resurgit par endroit dans les vignes et terres incultes qui touchent l’agglomération au Nord-Est. C’est de là que proviennent les principales trouvailles publiées : le Fulgur Divom, l’épitaphe des écoles, la bague d’or au poisson…
Après bien d’autres chercheurs, il nous a fourni 55 monnaies principalement dans deux défoncements.

Mais il existe dans les limites de la commune au moins deux autres emplacements de villas, l’un sur la route de Cournonsec, au bord de la Vène, à quelques pas du village et qui, malgré son four à amphores, la mosaïque modeste et les stucs de son habitation, ne nous a livré aucune monnaie. L’autre, étendu sur plusieurs hectares couvre au Nord Ouest un emplacement moins connu à la limite des cultures et des garrigues. Nous y avons ramassé 64 monnaies dont 54 dans une seule vigne charruée profondément depuis peu. Nous désignerons sous le sigle de Fodo le premier site. Du second il ne sera évidemment pas question. Dans le troisième appelé en général Ave on distinguera parfois le défoncement récent F ou Four.

(A cette occasion je remercie profondément Mme Auriol, MM. Aldebert, Alderegi, Benoir, Blanes, Bonnavenq, Fournier et autres qui ont accepté mes visites dans leurs propriétés.)

Pièces découvertes au Forum Domitii :

CLAUDE
bronze
période : 41 / 54
dimensions : 17/1.5
inventaire n° 077
HADRIEN
sesterce ; bronze
période : 134 / 138 dimensions : 30/4
inventaire n° 074
CONSTANCE II
as ; bronze
période : 350 / 351 dimensions : 17/2
inventaire n° 091

Des monnaies : leur nombre, leur état, leur rareté

Pour ce dernier site nous avons reporté sur un plan non reproduit ici les emplacements des principales trouvailles et il s’est avéré que les monnaies étaient concentrées aux mêmes endroits que les objets intéressants de bronze ou de fer, les pesons, les seuils, la sigillée c’est à dire les pièces d’habitation et le dépotoir mais pas plus dans celui-ci qu’ailleurs. En règle générale plus la villa ou plutôt les îlots qu’on exhume paraissent riches, plus on a de chances de trouver des monnaies, la concordance entre métal et monnaies étant presque totale mais il faut dire que le nombre de 50 rencontrées en ces deux endroits de Montbazin -monnaies perdues, isolées et non trésor groupé- est exceptionnellement élevé puisqu’en certains endroits où la céramique abonde leur nombre tombe à zéro.

Au sujet des 119 monnaies étudiées ici nous avons dressé le tableau suivant :

Fodo : 15 indéterminables sur 55
Ave : 2 indéterminables sur 54 pour Four
2 indéterminables sur 10 pour Ave

Il semble normal qu’après utilisation une monnaie sur 5 soit indéchiffrable ; ce pourcentage serait 2 fois plus élevé si nous avions voulu parvenir à une détermination précise, mais pour les Ae 3 ou Ae 4 du Bas-Empire, la lecture du revers nous a permis une datation à 10 ans près, suffisante si l’on considère que le nom et la titulaire du droit importent peu et quand on sait que le portrait y est plus ou moins authentique.

La conservation de ces monnaies est ici très satisfaisante pour le lieu de Four et moyenne pour le reste. Les deux cas extrêmes que nous avons rencontrés sont à Frontignan et à Villeneuve. Dans celui-là des tombes hermétiquement closes ont livré un lot impeccable tandis qu’au bord de l’étang, là où la zone archéologique est périodiquement atteinte par l’eau salée puis exondée, les fermentations acides ont dû attaquer le métal au point qu’à peine une monnaie sur deux est identifiable et qu’on trouve des fragments réduits à quelques millimètres carrés.

Quand les indices techniques indiquent l’indice de rareté -et il faut regretter que le tome VIII du R.I.C. se fasse encore attendre- on s’aperçoit que beaucoup de monnaies sont qualifiées de communes ; Ainsi celles d’Antonin le Pieux, Victorin, Trajan Dèce, Salonine, Crispus, Constantin 1er.

Seul le F 34 d’Antonin est parmi les grands bronzes qualifiés de rares alors que parmi les petits l’Ave 7 de Constantin est affecté de coefficient de rareté r 4. Enfin nous ne pouvons assurer avoir rencontré des exemplaires non encore portés sur les ouvrages car le déchiffrement des exergues ou légendes fut souvent difficile.

Pièces découvertes au terrain des Avenasses :

DEMI AS
As nimois ; bronze
période : -8 / -3
dimensions : 25/3
n° inventaire 069
FAUSTINE MÈRE
As ; bronze
période : 141 / 141
dimensions : 26/2.5
n° inventaire 047
FAUSTINE MÈRE
sesterce ; bronze
période : 141 / 143
dimensions : 30/4
n° inventaire 039

Ramassages antérieurs

Leur incidence risquant d’ôter toute valeur à une statistique, nous avons classé à part dans le même tènement des Avenasses les résultats de Four, où cette action ne s’est manifestée et là les conclusions sont claires. Les 7 grosses monnaies des deux premiers siècles, de l’As au Sesterce, viennent uniquement de Four, alors que la plus ancienne monnaie des environs date du IVème avec Constantin. La raison essentielle est que le vigneron -lequel s’intéresse peu à la céramique- ramasse accidentellement quand il se baisse la monnaie de gros module proche de sa pioche alors que celle du IVème plus petite, plus mince, passe inaperçue.

Il ne faut pas d’ailleurs exagérer l’importance de cet argument puisque à Fodo plus accessible et connu depuis plus longtemps, on a 18 monnaies des 2 premiers siècles sur 55, tandis qu’aux Avenasses il n’y en a que 7 sur un total de 64. Et l’on ne peut pas dire qu’ici la présence romaine est plus tardive puisque la Campanienne et les ATEI sont là précédent les 29, 37 et D.S.P.

monnaie 084
AUGUSTE : As en bronze
Forum domitii

période : 10 / 14
dimensions 25/3.5
n° inventaire 084

Le poids

On trouvera dans le tableau général le poids d’une vingtaine de monnaies choisies parmi les plus représentatives et les plus intactes. On y verra entre autres que le denier de Brutus pèse un peu moins de 3 g et les monnaies radiées entre 3 et 4, l’as nîmois un peu plus de 12.

En plus de ces éléments d’information et de comparaison on y verra que les petites Ae 3 et Ae 4 pèsent de 1,2 g à 2,6 g alors que les sesterces d’Hadrien et d’Antonin qui dépassent 20 g pèsent 10 fois plus, de sorte que les 82 constantiniennes recensées ne suffiraient pas à faire pencher le plateau de la balance et qu’un graphique des poids et non des nombres donnerait au lieu d’une courbe ascendante une ligne presque horizontale et légèrement descendante.

Classification des monnaies de Montbazin

La comparaison entre les 2 sites permet de voir qu’à Fodo l’occupation commence plus tôt (- 60, date du denier de Brutus) et finit plus tard, autour de 400 avec la Victoria Auggg alors qu’aux Avenasses la fin est plus rapide (Valentinien 367) et que le début n’est marqué que par un As de Nîmes.

De plus dans les deux endroits il y a une longue interruption d’abord entre les Antonins et les empereurs radiés, du milieu du IIIème siècle -deux séries d’ailleurs bien représentées par 8 et 7 exemplaires- de Faustine mère 141 et Faustine jeune 175 à Philippe 248 sur les 2 sites ; ensuite entre ces derniers empereurs et Constantin : de Valérien 259 et Tétricus 270 à Constantin 313.
On trouve même un 3ème hiatus aux Avenasses où il n’y a rien entre l’As de Nîmes et Marc Aurèle soit pendant 130 ans minimum.

Magnence vers 350 est bien représenté avec 5 exemplaires.

Quant aux successeurs de Constantin, on constate à Four un peu plus de variété dans les droits avec Crispus, Constance Galle, Julien César, Constans César, Constantin II qu’on ne trouve pas à Fodo et chez l’un et l’autre Constance II le plus souvent qui régna plus longtemps en occident.

Sur les revers les séries habituelles apparaissent :
– 21 cavaliers tombant de cheval,
– 12 victoires offrant des couronnes,
– 12 les militaires de gloria exercitus.

On remarquera que si Constantinopolis existe en 4 exemplaires, Urbs Roma, sa contemporaine, avec la louve allaitant est inexistante.

monnaie 085
AUGUSTE : As en bronze
Forum domitii

période : 10 / 14
dimensions 20/3.5
n° inventaire 085

Les ateliers

Le dernier tableau relatif aux ateliers d’après les exergues lisibles, fait ressortir que le nombre de ceux-ci est bien supérieur dans le terrain vierge d’Ave qu’à Fodo plus exploité.

D’autre part la prédominance de la cité voisine d’Arles qui porta deux fois des noms d’empereurs -Constantina puis Constantia, d’où les exergues ARL et CONST- n’a rien de surprenant. Ce pourcentage de 50 % se retrouve à Frontignan ainsi que le même éparpillement des ateliers qui donne une idée de l’important brasage monétaire et humain pendant la paix romaine.

Ateliers :

Arles 26
Rome 6
Lyon 5
Aquilée 3monnaies romaines à la chapelle St Pierre
Trèves 2
Siscia 2
Alexandrie 1
Constantinople 1
Thessalonique 1

.

La collection de Lucien Albagnac se trouve
maintenant être la propriété de la commune
de Montbazin, grâce au don qui en a été fait
par ses héritiers.

L’inventaire en a été établi par le
service patrimoine de la CCNBT
2004 – Maurel / Fischer.

Quelques copies de ces monnaies romaines sont exposées
à la Chapelle Saint-Pierre de Montbazin.

En voici ci-dessous une sélection photographiée sous vitrine.

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