capitelles

Capitelles

capitelle à MontbazinLes capitelles sont des constructions avec voûte en encorbellement, en pierre sèche, bâties sans liant, destinées à abriter le paysan qui travaillait aux champs. Il s’agit d’une technique de construction très ancienne, reprise de génération en génération.

Le matériau de construction unique, la pierre, le calcaire lithique dans notre région, provenait de l’épierrement des sols pour favoriser les cultures. Les paysans défricheurs entreposaient les pierres en bordure des champs soigneusement rangées en «Clapas », énormes tas de pierres. Ces épierrements ont permis des aménagements agropastoraux : murs de terrasses, de parcelles, cabanes pour entreposer les outils ou les récoltes, ou pour s’y abriter.

La construction en pierre sèche apparaît dans notre région à la fin du néolithique (2 400 – 1 700 avant JC).
Ces constructions de dimensions imposantes sont recouvertes d’une toiture en chaume, parfois recouverte de lauze. Elles permettent l’abri de la famille et du bétail. Elles sont construites en général sur les hauteur et constituent les premières cités “fortifiées” de l’âge du fer (VIIIème au IIème siècle avant JC). Le tènement des Costes, identifié et fouillé par Jean-Marie Thomas, en est l’exemple le plus concret à Montbazin.

cadastre garrigue 1863
Cadastre de garrigues, le 31 juillet 1863

Ce mode de construction va réapparaître au XVIIIème et XIXème siècle lors des grands défrichements de notre garrigue. En 1864 la commune de Montbazin vend des garrigues communales pour le financement de l’emprise de la voie ferrée.
Baptisées de différents noms suivant la région : “nichette” à Montbazin,
baraque à Villeveyrac, hutte à Bédarieux, caravelle à Faugères, caselle à Soubès, chambrette à Nébian, mas dans la région d’Octon, cazelle en Aveyron ou dans le Lot, caborde en Bourgogne et en Franche-comté, cabane… Le nom francisé de capitelle distinguait au départ les constructions en pierre sèche avec voûte en encorbellement de la région d’Uzès, dans le Gard, et s’est peu à peu étendu dans le Languedoc (même phénomène avec le mot francisé bories en Provence).

Elles sont regroupées dans nos garrigues sur des terres distribuées ou achetées à la Révolution par nos aïeux, soucieux d’exploiter de minces parcelles cultivables, certaines de 20 à 30 ares seulement, où étaient plantés la vigne, l’olivier et parfois même le blé et qui furent pour eux un complément important de subsistance. La capitelle restaurée par le CRPM en 2015-2016 à Garrigue plane est située dans une parcelle exploitée comme vigne  jusqu’en 1948.

Les capitelles de l’Hérault – Alain Cablat, Bulletin de la Société d’Études Scientifiques de Sète et sa Région, T 6-7 1974/75

Ces constructions sont l’œuvre de paysans-défricheurs ayant acquis une grande expérience, tant la qualité et la proportion sont remarquables.

Le matériau de construction est abondant et pris sur place. Ces pierres récupérées autoriseront d’autres part la création de murs de séparation. Quelques fois, à l’intérieur même du mur, sera aménagée une sorte de guérite pouvant abriter un homme.

Il existe une grande variété de forme : carrées, rondes, semi-circulaires. De nombreuses constructions sont incluses dans le mur d’une terrasse ou d’un clapas, mais certaines capitelles sont indépendantes, ne reposant pas sur un clapas ; ce sont les plus rares et les plus fragiles. La plupart de ces constructions sont aujourd’hui à l’abandon ou sans usage même si les parcelles où elles se dressent sont encore exploitées.
La capitelle, au lieu-dit de Vielleseque,  très facilement accessible par le sentier de randonnée des collines de la Moure, PR agréé par la Fédération Française de Randonnée, au départ de Montbazin, a été rénovée par le C.R.P.M. en 2018.
Une troisième capitelle, située à garrigue plane, en bordure du sentier de randonnée, a également été rénovée en 2019.

la première capitelle rénovée par le CRPM, face à l’étang de Thau et à la Gardiole

Devenues inutiles depuis l’abandon des garrigues, elles ne sont plus entretenues par leurs propriétaires mais servent encore d’abri, en cas d’orage, pour chasseurs et promeneurs. Des nombreuses capitelles qui parsemaient ces terres au nom évocateur des années qui suivirent 1789, « républiques », « réserves », « terres mégères », « garrigue plane », beaucoup ont été détruites. Des personnes inconscientes ont utilisé les pierres plates pour paver les allées des jardins.
Depuis 2015 les membres du Cercle de Recherches sur le Patrimoine Montbazinois ont entrepris la restauration de certaines de ces capitelles, avec le soutien de l’association Pierres et  Chemins de la Moure.

En 2023-2024 le Service “Espaces Naturels” de Sète Agglopole Méditerranée réalise un inventaire du patrimoine bâti vernaculaire (abris de pierre, cabanes, capitelles…) des collines de la Moure, en associant le CRPM et les associations “Pierres et Chemins de la Moure” de Poussan et “Pierre d’Iris”, de Villeveyrac.

CAPITELLE N°1

Les capitelles, véritable patrimoine lithique, sont de parfaits exemples d’architecture vernaculaire, type d’architecture propre à un pays, un territoire et à ses habitants, présentant les caractéristiques suivantes :
– Un mode de construction partagé par la communauté ;
– Un caractère local ou régional en réponse à son environnement ;
– Une cohérence de style, de forme et d’aspect, ou un recours à un type de construction traditionnelle ;
– Une expertise traditionnelle en construction transmise de façon informelle ;
– Une réponse efficace aux contraintes fonctionnelles et environnementales ;
– Une application efficace du savoir-faire propre à la construction traditionnelle.

Restauration de capitelles

Autres éléments du patrimoine bâti et naturel du village de Montbazin