Jacques Lorthiois

Jacques Lorthiois

Né le 30 septembre 1930 à Tourcoing, il gagne un prix de beauté à un concours d’enfants ! Sa maman, Maria, en était très fière et en parlait souvent. Mais elle et Gustave racontaient également les frasques de Jacques enfant car il était déjà turbulent et plein d’imagination… Adulte il pouvait être irritable, autoritaire et déterminé ; lors des réunions, parfois, les portes claquent.
Mais passés ces écueils, on découvre un Jacques militant, pacifiste,
créatif, passionné par la communication et l’histoire de son village.

Jacques est un militant pacifiste : il va connaitre la guerre dès l’âge de 9 ans. Il arrache dans les rues de Tourcoing les affiches Nazies, au grand désespoir de sa maman qui craint pour sa vie. Comme nombre d’enfants du nord de la France, il connait l’évacuation, les convois le long des routes, le déplacement à 300 km de chez lui de 1940 à 1945. La Croix Rouge pilotait ce projet pour éloigner les jeunes des zones bombardées. Il ne s’agissait pas de rentrer à la maison ni aux grandes vacances, ni à Noël. Chacun était placé dans une famille d’accueil. Ce sont plusieurs années d’angoisse.
A 15 ans, son gout pour la communication l’amène à créer et animer le journal de son collège « Le potache de Remiremont » dans lequel les professeurs et le système sont raillés avec humour. Le tout avec la technique des lettres en plomb. Quelle patience, et une liberté d’expression qui fait rêver !
A 19 ans, son bac en poche, il entre en section architecture aux Beaux Arts de Tourcoing. Sa créativité et son gout pour la fête s’expriment, son engagement contre la guerre se confirme.

Avec des amis, il crée la Grande-Masse des Beaux-Arts de Tourcoing (association des étudiants), ainsi qu’un club de Jazz. 
En parallèle, il commence un film d’animation « Les Saltimbanques » d’Appolinaire, chanté par Yves Montand, en utilisant la technique du papier découpé.

Dans la même période il participe aux activités des Citoyens du Monde.
En 1955, c’est la rupture. Son sursis d’étudiant est annulé. A cette époque, tous les appelés sont réquisitionnés pour « maintenir l’ordre en Algérie » pour une durée de 30 mois. Après dix mois de missions sur les routes algériennes, il tombe gravement malade et est rapatrié sanitaire avec beaucoup d’illusions perdues.

Démobilisé en Janvier 1958, il quitte la région du Nord et s’installe à Montbazin, dans ce village médiéval où il vient d’acheter une maison du XIIIème siècle.
En 1960, il épouse une jeune professeure de mathématiques qui vient d’arriver dans la région, devant le maire, Gaston Aldebert, et 2 témoins. Il devient père de famille. Il mène de front vie militante, activités artistiques, vie professionnelle et la fête avec les amis.
Dans l’une des caves voutées on peut faire la fête (pour mettre de l’ambiance il n’hésite pas à faire le pitre), dans l’autre il installe un atelier de prise de vue et termine la réalisation des Saltimbanques, qu’il présentera à
Cannes en 1963 où il obtiendra une médaille d’argent et un diplôme d’honneur (image ci dessous).

Il réalisera d’autres films d’animation, tels que Le chiffonnier ou Les arcs capables (sur les mathématiques, projeté à une classe de 1ère au lycée de Paulhan).

Avec des amis, il crée le Mouvement contre l’Armement Atomique (MCAA – fondé au niveau national par Claude Bourdet et Jean Rostand, devenu en 1968 le MDPL, Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté) en Languedoc Roussillon et devient responsable des Citoyens du Monde en Languedoc Roussillon.

Il participe à tous les mouvements de protestation qui se développent sur le Larzac de 1971 à 1981.

Au village, il relance la MJC dont il est directeur semi-permanent de 1962 à 1972, un directeur qui fédère les énergies. Les activités sont variées, volley, ping-pong, foot, labo photo, bals, sorties. Elles reposent sur des personnes en activité et bénévoles, le Directeur de l’école des garçons, M. Malafosse est président jusqu’à son départ en 1968, une enseignante, Camille Mondon, anime l’équipe de volley, le secrétaire de mairie, Christian Pinot, est responsable du ping-pong, Raoul Beauron, le pâtissier du village, de l’équipe de foot, le receveur des PTT, M. Fredj, est trésorier, etc…

photo prise à la sortie d’une réunion du Conseil d’Administration de la MJC

La médaille de la Jeunesse et des Sports est remise à Jacques en reconnaissance de cette dynamique locale (ci-dessous).

Son attrait pour la communication l’amène à éditer des revues : Synthèse, Communiquer, JAF 34. Ce premier journal du Conseil Général de l’Hérault a été imprimé à Montbazin par Serge Marin sur une Gestetner qui était aussi mise à la disposition de la MJC pour réaliser le journal d’information « L’Œil ».
Sur le plan professionnel, Jacques s’éloigne de l’architecture en 1972 et se consacre à la formation à l’image en France d’abord à travers une association, « Image et Communication ». Il forme d’abord les animateurs du secteur socio-culturel, puis des chercheurs (Faculté des Lettres, INRA, IAMM, CIRAD, CNRS, CNEARC, SAFER, …) et réalise pour eux expositions, posters pédagogiques, plaquettes, montages audio-visuels. Impressionné par l’impact de la télévision (et notamment de la publicité) sur la population, il écrit plusieurs ouvrages pédagogiques pour expliquer « le langage de l’image », connaissance qu’il estime nécessaire d’intégrer dans les écoles. Ses ouvrages sont d’ailleurs diffusés en particulier via les documentalistes d’établissements.
A Montbazin, pour sensibiliser les élus aux besoins des jeunes, il s’implique encore plus dans la vie du village et se présente aux élections municipales. Il est élu en 1965, réélu en 1971 où il est premier adjoint. Puis en 1989 où il est 5ème adjoint, chargé des écoles. A l’école Primaire, les enfants réalisent alors des poteries et une cabane en terre dignes des Romains, avec la participation vigilante de l’archéologue Marc Lugand.
Son intérêt pour le village, son histoire, son patrimoine, le rapproche de Jean-Marie Thomas, menuisier passionné d’archéologie – dès 1960, puis l’amène à créer avec des amis une nouvelle association : le Forum de Montbazin, en 1993.


En 2000, il est sollicité par Jeunesse et Sport pour remettre en route la MJC qui traverse une période difficile et n’a même plus de locaux. Il accompagnera ce redémarrage jusqu’en 2004.
Jusqu’à son décès, en 2025, Jacques est toujours resté fidèle : à ses idées, à ses amis.

Ses publications : Le livre de l’image et de la communication, Dossier de la communication, l’ABC de la PAO, l’Image Manipulée.

 

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